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Prise d’assaut ces dernières semaines par une foule de baigneurs, la plage de Yoff connaît en ces premières heures de Ramadan, une affluence bien en deçà de la moyenne, seules quelques poignées de baigneurs s’y retirent et squattent ses tentes, où un peu de fraîcheur calme leur bouche desséchée.

La plage de sable blond s’étend à l’infini.

 Elle déroule son tapis douillet fait d’un amoncellement de minuscules dunes de sable. Sur près de trois kilomètres, de Yoff à Cambérène, elle déroule le même profil : bordée d’une part par les cabanons de branchages à toit de paille, les filets de pêche tendues servant de barrière et limitant la plage. Cet après-midi, les habitués des lieux ont de curieuses impressions d’illusion d’optique. Les lieux qui la veillent étaient noirs de monde, conquis par une foule de baigneurs, sont quasi déserts. Pourtant, le même soleil implacable dicte sa loi avec autant d’ardeur. En ce premier jour de pénitence, les baigneurs se comptent sur les doigts d’une main. Seuls quelques adolescents font trempette, se vautrant dans l’eau tiède et se laissant porter par les vagues capricieuses. Devant l’océan, les petits cabanons battus par les vents accueillent des visiteurs. Alors que les jours précédents les baigneurs se lançaient dans d’allègres causeries, parties de football et d’âpres exercices physiques, aujourd’hui, ils se murent dans un mutisme éloquent. Sous les cabanons, ils s’étendent à même le sol, cherchant par là la fraîcheur du sable humide. Tenaillés par les affres du jeûne, ils s’offrent ce moment de répit. Ass Ndiaye, les yeux mi-clos, le phrasé lent, explique : «Je suis là surtout pour profiter du calme des lieux. Ici on entend que le vent et le bruit des vagues. Cela me permet de méditer et de dire mon chapelet.» 
La plupart des visiteurs occasionnels de la plage se refugient derrière le dakk koor (littéralement, chasser le Ramadan). L’idée c’est de trouver un moyen pour faire passer le temps, sans trop souffrir des effets du jeûne. Les propriétaires des cabanons se frottent toujours les mains. Le mois de Ramadan n’a pas grevé leurs finances ni plombé leurs activités. «Les visiteurs viennent toujours, en nombre moins important, mais ils sont quand même là et cherchent de l’ombre. Nous leur en procurons. Ils peuvent rester sous les cabanons une journée entière ou pendant des heures» admet Habib Fall, un tenancier. Pourtant à côté de ces petites siestes improvisées et loin de la touffeur de Dakar, la plage de Yoff a ce côté charmant de bon coin pour la bonne bouffe. Les poissons grillés apprêtés à différentes sauces ont fini d’asseoir sa réputation. Mais pour l’heure, pas de délicats fumets, encore moins de pieuses dégustations. Les fourneaux ne ronronnent pas. Anna Ndoye prépare une marinade et dit : «J’attends l’heure de la rupture. Le soir, certaines personnes préfèrent manger léger et viennent ici pour consommer des poissons grillés.» Au loin des pirogues fendent l’océan, naviguent vers le large pour la pêche. Quelques heures après, elles débarqueront avec leurs précieuses charges de poissons. La poignée de mômes qui pousse un ballon donnera son coup de main pour être gratifiée de quelques prises. La plage déroule toujours son faciès calme et attend son lot de pèlerins. Même légèrement entamé par le Ramadan, cet engouement conserve encore son bon côté. Aussi longtemps que durera le Ramadan.

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source:http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/item/32693-fr%C3%A9quentation-de-la-plage-de-yoff-pendant-le-ramadan--p%C3%A8lerinage-pour-un-havre-de-fra%C3%AEcheur