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A cheval sur le fleuve Sénégal sur près de 200 kilomètres, la région de Matam avec ses étendues de terres abondantes et de bonne qualité, offre toutes les caractéristiques d’une zone à forte exploitation agricole. Surtout pour la culture du riz qui constitue de plus en plus l’alternative importante pour l’autosuffisance alimentaire des populations. Au niveau de la région, la production du riz est passée de 23221 tonnes en 2012/2013 sur 4300 hectares emblavés à 30000 tonnes sur une superficie de 5213 hectares. Paradoxalement, c’est la faiblesse du niveau de valorisation du potentiel hydro-agricole de la région qui freine les ambitions.
Devant la situation, les activités de l’irrigué (qui s’est insurgé comme palliatif), ne permettent à quelques exceptions près aux agriculteurs que de survivre. S’il reste vrai qu’avec l’avènement des barrages de Diama et Manantali, la région a retrouvé peu à peu, ses marques originales de terre agricole, c’est surtout la faiblesse du niveau de valorisation du potentiel hydro-agricole qui porte à réflexion. Surtout pour les cultures irriguées comme le maïs et les produits maraîchers que sont l’oignon, les patates douces, le gombo, et la tomate. Et, plus particulièrement le riz dont la culture constitue de plus en plus l’alternative pour l’autosuffisance alimentaire des populations. Sur une superficie aménageable de 55 000 ha, 17% seulement des terres ont été aménagés. Alors qu’on note une insuffisance et une vétusté des aménagements hydro agricoles, et un enclavement de certaines zones de production. Ce sont aussi les unités de stockage, de conservation et de transformation des produits qui font défaut de façon criarde dans une région à vocation agricole .
Avec l’avènement des barrages de Diama et Manantali, la vallée du fleuve était perçue comme étant ‘la future Californie du Sénégal”. Les promesses de l’après-barrage, surtout pour le Fouta, ont du mal à se réaliser. Sur le registre des préoccupations, les attentes portant sur l’aménagement et la réhabilitation de périmètres agricoles, la construction d’infrastructures agricoles et les équipements agricoles restent d’actualité. Tout comme une meilleure accessibilité aux financements du riz, bien que dans la vallée du fleuve, les fonds qu’on lui concède, représentent près de 65 % des concours de la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (CNCAS) pour l’agriculture dans cette partie du pays.
Sur l’urgence, de l’avis du président des producteurs, les préoccupations majeures des agriculteurs porteraient en effet sur l’augmentation des superficies aménagées par la construction de nouveaux aménagements hydro agricoles à station de pompage. Selon M. Diop «à peine 17 % du potentiel de 55 000 hectares, ont été aménagées jusque là. Ce qui explique la taille insuffisante de la superficie attribuée par foyer pour une moyenne de 0,5 hectare, niveau très en dessous de la norme requise qui est de 1 hectare pour assurer la sécurité alimentaire d’une famille».
Le paradoxe voudra que la plus grande partie des superficies aménagées soit constituée de périmètres irrigués villageois communément appelés PIV. Singulièrement vétustes, ces périmètres villageois qui sont localisés aux bordures du fleuve représentent 72 % des superficies contre 28 % qui reviennent aux grands aménagements (casier et union hydraulique) de meilleure qualité. Du fait, en plus du renouvellement pressant des groupes motopompes, c’est justement la réhabilitation de ces PIV qui est pour le plus attendue, et au mieux, la délocalisation de la plupart d’entre eux dans les cuvettes du Walo plus aptes à la riziculture. Face au dilemme, de la maitrise de l’eau, la construction d’un ouvrage pont en moyenne vallée du fleuve Sénégal destiné à la fois à réguler les crues entre le Delta et les autres versants en amont du fleuve et à fournir une quantité suffisante en eau pour les cultures irriguées et de décrues, reste une priorité.
Tout comme l’acquisition des tracteurs à quatre roues motrices, des moissonneuses-batteuses, et autres matériels légers pour la culture attelée. Pour les agriculteurs, la valorisation de l’irrigué devrait s’accompagner aussi de l’implantation d’unités de rizeries, de magasins de stockage, abris-séchoirs, complexes frigorifiques. En plus d’une usine de la transformation de la tomate industrielle et d’un agropole, d’un laboratoire d’analyse des semences riz, et d’une décortiqueuse multi-céréales. Sur la liste des préoccupations, la poursuite des subventions aux intrants et équipements agricoles en vue de leurs accès à des prix abordables, tout comme la continuité et l’élargissement de la protection en faveur des filières agricoles s’avèrent être une nécessité.
En plus du renforcement de la structuration de la filière riz (interprofession), il s’agit aussi d’appuyer les acteurs (producteurs, riziers et commerçants), en favorisant le développement de partenariats pour faciliter la commercialisation du riz local sur l’ensemble du territoire national. En juillet 2013, la région a pu bénéficier de 13 milliards de francs CFA venant de la Banque Ouest africaine de Développement (BOAD) pour dérouler le Projet de Développement agricole de Matam-Consolidation de la Sécurité alimentaire (PRODAM-CSA). Ce projet de développement agricole permet, entre autres, d’introduire le système de Riziculture intensive sur 2000 ha de périmètres irrigués villageois, d’aménager 1200 ha de périmètres irrigués par le système de goutte à goutte en vue de la mise en place de 30 sociétés d’intensification de la pro
En plus des projets déjà existants, plusieurs programmes et projets d’envergure sont en phase de démarrage durant cette année dans le Delta et la vallée du fleuve Sénégal. Ces projets qui consisteront à améliorer les axes hydrauliques et à développer plusieurs actions de développement, aideront aussi à augmenter les aménagements hydro-agricoles. Les réalisations se feront avec l’appui de la Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique (Badea), de la Banque mondiale, du Millenium challenge account (Mca), de la Banque ouest-africaine de développement (Boad) et du Fonds saoudien. Le projet de réhabilitation et d’extension des périmètres irrigués villageois de Matam pour un montant de 10 milliards relève d’ailleurs du financement du Fonds saoudien.
Le chef de la délégation de la SAED de Matam, note aussi que dans le programme de Société Nationale d’Aménagement et d’Exploitation des Terres du Delta, figurent également les travaux de réhabilitation et d’extension de périmètres irrigués localisés entre Nabadji et Bokidiawé, dans le cadre du projet Asamm (860 ha), pour un montant de 15 milliards de francs Cfa. Sur financement de la Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique (Badea), pour un montant de 6,5 milliards de francs Cfa, des périmètres irrigués situés dans la zone de Waoundé seront réhabilités.
La région, bénéficie aussi du Projet d’Appui à la Sécurité Alimentaire (Pasa) qui vise à améliorer la sécurité alimentaire ainsi que les revenus des ruraux, des trois régions vulnérables du Sénégal soumises aux aléas climatiques que sont les régions de Louga, Matam et Kaffrine. Au terme du projet, « les principales réalisations attendues s’articulent autour d’un appui à la mise en valeur de 2110 ha de terres par la maîtrise de l’eau (1600 ha de bas-fonds, 450 ha de périmètres, 60 ha de jardins), l’organisation de 25 unités pastorales à partir de 8 nouveaux forages et 10 forages réhabilités, la construction de divers bâtiments (18 bâtiments d’exploitation, 30 parcs de vaccination, 25 hangars de stockage de fourrage, 120 chèvreries/bergeries et 60 poulaillers) et la réalisation de 120 km de pistes rurales et des actions de formation, de structuration en direction de plus de 30.000 producteurs ».
Dans la commune de Matam, un aménagement de 350 hectares financé par la BID, livré aux producteurs (600 familles), a permis d’atteindre un rendement moyen de 7 tonnes à l’hectare selon les techniciens. En appoint au casier, l’intégration d’un système de remboursement de crédit en nature restait une garantie pour la CNCAS qui devrait s’appuyer sur des opérateurs pour recouvrer ses fonds. Plusieurs exploitants n’ont pas payé à cause des écueils rencontrés au niveau de l’aménagement (ligne d’eau et planage) qui ont impactés les rendements de certaines parcelles…