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Touba -Contribution- « Ni anti-mouride , ni mauvais musulman, simplement républicain » Mohamed SALL SAO

POLITIQUE
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iGFM (Dakar) iGFM vous propose cette contribution de Mohamed Sall Sao sur la liste non paritaire et le statut spécial de Touba.

Dans des réactions passionnées de deux concitoyens, publiées par le site « Dakaractu.com » la semaine dernière et suscitées par deux de nos contributions parues dans Sud Quotidien il y a trois semaines, ainsi que par celles émanant d’autres compatriotes, nous avons été nommément cité. Aussi, avons-nous, afin d’user de notre droit de réponse, envoyé le présent article audit site web pour publication, en vain…  Qu’il nous soit donc permis, avant de clore définitivement ce débat malheureusement tronqué, d’apporter ici les observations et clarifications qui s’imposent à la suite de ces réactions.

Deux concitoyens musulmans, Cheikh Fatma Mbacké et Hamza Diakhaté, ont en effet estimé utile de devoir nous porter la contradiction et c’est leur droit. Mais ce qui est surprenant, c’est que, plutôt que de présenter leurs argumentaires en toute sérénité et en bons musulmans qu’ils disent être, ces compatriotes aient choisi comme moyens de  raisonnement les procès d’intention, les déductions hâtives et les invectives. En démocratie pourtant, les idées, même les plus absurdes, devraient pouvoir être débattues et confrontées en toute lucidité, sans haine et sans violence, la violence verbale étant, du reste, réprouvée par l’islam.

Est-ce responsable de vouloir personnaliser les débats et de traiter de mauvais musulmans, d’anti-mourides, de néo-colonisés, voire de mercenaires de la plume, des frères et sœurs en islam dont les seuls torts ont été, d’une part, d’avoir posé des questionnements sur la politisation des confréries religieuses, ainsi que sur le statut spécial « formalisé » demandé en faveur de la commune de Touba et, d’autre part, d’avoir défendu la légalité au sujet de la liste non paritaire de la coalition Benno Bokk Yaakaar ?… Encore heureux que nous n’ayons, ni manqué de respect aux chefs religieux et aux dignitaires de Touba – bien au contraire  – ni blasphémé, ni insulté quiconque et que nous ne nous soyons donc pas exposés ainsi à la vindicte populaire et aux « fatwas », pour être obligés de présenter ensuite des excuses publiques…

Au demeurant, certaines des réflexions de nos pourfendeurs appellent de notre part les remarques suivantes :

  1. La religion est d’abord une affaire individuelle et notre religion est basée, avant tout, sur une relation personnelle du croyant avec le Tout-Puissant et son prophète Mohamed (PSL).
  2. Il y a une différence entre les valeurs d’une religion et la culture, les musulmans sénégalais, par exemple, pouvant être de cultures différentes : ouolof, sérère, pulaar, diola, mandingue, etc.
  3. Lorsqu’une loi « entre en contradiction manifeste avec les autres lois qui régissent la vie de tous les jours de cette très grande majorité des populations » ou qu’elle est « illégitime », il va de soi qu’il est préférable de l’abroger, plutôt que de la violer et que les questions à se poser alors à ce sujet, sur les « représentants du peuple » que sont les députés à l’Assemblée nationale, seraient bien fondées.
  4. « Le 23 juin 2011 est frais dans nos mémoires », certes, mais il s’agissait en l’occurrence d’empêcher le vote d’un projet de loi et non de refuser l’application d’une loi déjà votée.
  5. Il faudrait disposer d’immenses moyens financiers, matériels et logistiques pour soumettre au référendum chaque projet de loi « qui risquerait d’entrer en contradiction avec les lois islamiques ».
  6. Le BOM ne relève certainement pas du passé, sinon il n’aurait pas été réactivé. Du reste, les gens bien informées savent que les réformes qui y avaient été conçues et élaborées, avant d’être adoptées, s’appuyaient sur une connaissance et des visites du terrain à tous les niveaux : régions, départements, arrondissements, communes et communautés rurales. Si nous en sommes « amenés là où nous sommes, sous développés, pauvres et sans grande perspective après plus de 50 ans d’indépendance », c’est donc pour d’autres raisons partagées par tous et, notamment, à cause de résistances et comportements liés à nos mentalités.
  7. Les statistiques du recensement général de la population ne prenant pas en compte l’appartenance aux confréries, la référence récurrente à deux, voire quatre millions de concitoyens mourides – c’est selon –  gagnerait donc à être documentée, étant entendu que les pèlerins du Magal de Touba ne sont pas tous des mourides.
  8. Enfin, tout en convenant, afin d’éviter toute polémique inutile, que « si le Sénégal est connu dans le monde, il le doit certainement aux nombreux Touba de la Diaspora », nous sommes néanmoins fondés à penser qu’il le doit aussi et sans doute surtout, à sa diplomatie, aux nombreux ressortissants qu’il compte dans les grandes entreprises multinationales, organisations internationales et universités étrangères, ainsi qu’à ses écrivains et artistes de renommée mondiale (musiciens, peintres et sculpteurs confondus).

 

En conclusion, les débats et la confrontation des idées étant indispensables pour l’évolution d’une société, il faudrait que nous évitions de tomber dans le piège consistant à « faire un procès en sorcellerie » à tout concitoyen défendant des idées différentes des nôtres, car cela risque de nous desservir à terme, tous ensemble. Nous sommes aussi convaincus qu’il ne faudrait pas « avoir honte pour notre pays », mais plutôt en être fier, à cause de sa richesse et de sa diversité d’ethnies, de confessions, de cultures et de pensées, un pays qui est considéré partout en Afrique et à travers le monde comme une vitrine de la démocratie, quelles qu’en soient les imperfections.

Mohamed Sall Sao

SOURCE:http://www.gfm.sn/contribution-ni-anti-mouride-ni-mauvais-musulman-simplement-republicain-mohamed-sall-sao/