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TABLE RONDE - Graves crises dans la zone du Sahel et en Afrique : «L’un des éléments de la crise, c’est la forte tentation de redessiner la carte des Etats africains»

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Une table ronde initiée par l’Institut Panos de concert avec l’Institut panafricain de stratégies a, dans une de ses thématiques, passé en revue les profondes crises qui affectent la zone du Sahel.

Les propos du Dr Cheikh Tidiane Gadio, à l’occasion de la table ronde abordant les crises que traverse le Sahel, renseignent suffisamment sur l’état des lieux sous un angle à la fois politique, religieux et économique. L’ancien ministre, brossant le passé de la région, relève : «Le Sahel est un excellent exemple d’une vaste étendue où des pans entiers du territoire, contrairement à ce que disent beaucoup d’analystes, ne sont pas gouvernés.

 Des femmes-chercheurs en Irlande disent qu’en réalité ce ne sont pas des zones mal gouvernées, mais trop gouvernées. L’Etat passe de temps en temps pour prendre l’impôt, les narcotrafiquants ont leur zone, les comités d’autodéfense ont leur pouvoir, de même que les chefs de village. Elles ont montré plusieurs couches de pouvoirs qui s’exercent.» Pour lui, la plupart de ces Etats posent énormément de problèmes en ne garantissant pas justement de souveraineté viable. Il dit : «La souveraineté est un mot que je n’accepterai plus dans nos discussions avec nos leaders africains quand on parle de panafricanisme. Je sais que je n’ai pas le pouvoir de les en empêcher, mais je crois qu’on a fait le deuil de la souveraineté. On doit lui organiser un enterrement de première classe et passer aux choses sérieuses.» 
Il en veut pour preuve la récente crise qui a sévi en Libye. Cheikh Tidiane Gadio qualifie cette situation d’«extrêmement catastrophique pour l’Afrique». Son passé d’ancien plénipotentiaire et d’homme très introduit dans les cercles internationaux justifie son diagnostic, le poussant à déplorer ouvertement : «C’est comme si l’Afrique, par son silence, son incapacité à intervenir pendant la crise libyenne, est en train de payer le péché qu’il a commis sur un territoire africain qui n’était pas n’importe lequel et qui n’était pas dirigé par n’importe qui. Même pour se rendre en Libye et donner le point de vue de l’Afrique, on a interdit à nos dirigeants de survoler le territoire africain. Il a fallu négocier des couloirs. J’ai parlé à des chefs d’Etat qui étaient dans cette délégation et c’étaient des moments de forte humiliation. Dans le continent africain, cinq chefs d’Etat ont demandé la permission pour survoler une partie du territoire africain et se rendre dans un pays africain.»

Gérer en commun les zones frontalières
Dans son exposé, il situe la genèse de ce problème à une crise du pastoralisme qui date depuis des années. Pour lui, ces peuplades nomades avaient toujours rejeté les frontières africaines, préférant à la place, un tracé historique ancestral. La grave crise en Libye a créé une situation extrêmement catastrophique en Afrique, avec en prime l’implosion de la zone et des forces qui gravitaient autour de Kadhafi. Gadio assure : «Les brides ont été lâchées, les générations de jeunes Touaregs ont quitté la Libye pour retrouver la terre de leurs ancêtres. Cette crise a coûté extrêmement cher à l’Afrique et au Sahel en général.  Il ya eu une accélération de l’ensemble des crises qui étaient en cours.» Mamadou Diouf, historien et enseignant à l’université de Columbia, corrobore : «Dans le passé, les empires ont toujours respecté le pluralisme. La période coloniale a géré le Sahel comme une zone militaire. Cela n’a jamais été géré normalement. Les Etats africains ont reconduit le même mode de gestion et cela génère des problèmes. Il y a des entités qui revendiquent des souverainetés qu’elles ne peuvent pas exercer.» Pourtant Cheikh Tidiane Gadio situe la plus grande crise au Nigeria avec Boko Haram qui, à ses yeux, est «une attaque contre l’image de l’Afrique». L’origine de cet état de fait est attribuée à l’erreur commise par le Nigeria, en négligeant le Nord du pays où il y a eu un vide politico-sécuritaire  dont la secte Boko Haram a profité. D’où les difficultés pour le Nigeria à se réapproprier le terrain perdu. 
Parallèlement à ces questions de souveraineté, d’autres tout aussi ardues se posent et ont pour noms : économie criminelle, argent facile, trafic de drogue, trafic humain, trafic d’armes, tous installés dans le Sahel. Gadio rappelle à ce titre : «Les enjeux de la crise malienne sont des enjeux africains. Avec ce qui s’est passé à Kidal, on essaie de nous convaincre qu’il faut ramener le débat à l’interne et tirer à boulets rouges sur les autorités maliennes. On ne peut pas tirer sur des victimes d’une agression. On ne peut pas tirer sur des gens qui ont été attaqués dans leur intégrité territoriale quel que soit ce qui s’est passé à Kidal. Il ne faut pas que l’entreprise de démoralisation du Peuple malien se fasse avec notre complicité passive ou active. Le Mali doit reprendre Kidal et ce n’est pas négociable. Aujourd’hui, l’un des éléments de la crise au Sahel, c’est la forte tentation de redessiner la carte des Etats africains. Le paradigme dominant de l’unité africaine a montré ses limites historiques.» 
La plus grande préoccupation de l’heure est de tirer les enseignements des échecs des dirigeants pour voir si l’Afrique a un avenir par rapport à l’Inde, à la Chine, face au Brésil, mais également de contrôler les vastes étendues qui recèlent de l’uranium. Mamadou Diouf, enseignant à Columbia University, pense qu’il faut «produire des connaissances pour comprendre ce qui se passe. On ne s’investit pas dans la compréhension des enjeux, des histoires qui se superposent. Il faut qu’on accepte de gérer en commun les zones frontalières».

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source:http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/item/32009-table-ronde-graves-crises-dans-la-zone-du-sahel-et-en-afrique--l%E2%80%99un-des-%C3%A9l%C3%A9ments-de-la-crise-c%E2%80%99est-la-forte-tentation-de-redessiner-la-carte-des-etats-africains